Je fais des photographies, des autoportraits, souvent. Pour essayer de m'apprivoiser, de m'attraper entre deux rayons de lumière.
C'est pas facile d'accepter un corps qui change de personnalité sans arrêt. Étrange de trouver 2, 3, 5, 20, 100 personnages sous les mêmes traits, le même sourire. Des personnages qui s'entremêlent, un qui montre le bout de son nez pour se faire évincer par un autre à la seconde d'après.
On dit de moi que je suis fragile, instable. Comment ne pas vaciller sous la force des combats de tous ces gens dans mon ventre ? On ne parvient jamais à me saisir, je lasse vite les passants, qui préfèrent une relation qui coule plutôt que ces ouragans que je laisse échapper sans cesse. Je ne sais plus maîtriser mon peuple intérieur, tout le monde parle en même temps, je dis des bêtises, m'énerve seule, rage et envoie mon interlocuteur dans les orties du jardin d'à coté.
Tant de mots, d'idées hurlent et clignotent aux néons dans ma tête que. Je ne sais pas distinguer ce que je veux dire, écrire. Je me perds, commence à suivre le fil d'une idée puis j'arrive à un noeud insoluble, inextricable. Je fais volte-face, je parle d'autre chose, oublie toutes les règles de logique. Alors parfois. Silence. Je ne laisse plus rien sortir. Par fatigue, par découragement. Parce que je ne sais pas défaire ce noeud.
Je lis. J'apprends les mots des autres. Ceux qui savent dénouer leurs pensées et utiliser le mot juste. Qui déchire les entrailles . Je suis jalouse de leur apparente facilité, ils ont l'air si légers, comme ça doit être beau dans leur tête, lumineux, accueillant. Et surtout. Surtout. Pas de pensées qui gisent dans tous les coins.
J'aime à me dire que je pourrai peut-être me trouver dans une de leurs entrelignes.

13/02/2011
Moi je suis une fille papillon, je flotte, je virevolte, je volette doucement, sans destination. Tourner, tourner, tourner, et avancer, et reculer dans l'ombre, d'un coup. Je sais pas penser au futur, je vole au présent, je grappille l'instant et je me contredis sans arrêt. J'arrive pas à garder un semblant de raison, les horaires sont des prisons insoutenables, les contrats, les promesses, des chaînes qui m'arrachent les ailes.

28/02/2011
Papillon peut être, mais papillon de nuit. Je suis toute foncée pour ne pas me faire remarquer, parce que y'a aucune magie dans mon ventre pour faire danser mes intestins tellement fort qu'ils font de la lumière. Je joue à me dessiner les ailes, parfois. Je voudrais savoir la vie des coloriés, même juste une fois. Connaître les Majuscules, les Forteresses dans le Ciel et les Fées.
Je crois que je suis jamais vraiment moi. J'aimerai bien me rencontrer au détour d'un bosquet. Je me demande à quoi je ressemble. Est-ce que je suis une adulte lambda, un enfant des démons ou une princesse voyageuse ? En m'attendant, je joue des rôles. Je suis bonne comédienne je crois. On me croit, on ne m'a jamais deviné sous mes déguisements. J'aime en changer vous savez. Passer du noir tout noir aux arcs en ciel, de l'élève toute sage à la furie, la tempête, du nouveau né à la vieille dame. Je vacille, je cherche, je joue. Je vacille surtout, en ce moment.
Vous me bouleversez, Mademoiselle, tout semble si beau chez vous. J'aimerai que la fille de derrière les bosquets vous ressemble. Un peu.

Mes 17 ans,je les ai fêté de la plus joyeuse des façons. En tête à tête avec mon appareil. Et avec une fée du bout du monde qui voletait tout près de moi. Il y a 17 morceaux d'images, un pour chaque heure.


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Je crois que j'ai. Un tout petit peu. Moins. Pas beaucoup. Peur. Je veux devenir enfant.